Once-upon-a-life

What matters sometimes should be said somewhere at someone

Samedi 30 mars 2013 à 21:30

"But I know the rage that drives you. That impossible anger strangling the grief, until the memory of your loved ones is just poison in your veins. And one day you catch yourself wishing the person you loved had never existed, so you'd be spared your pain. "


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Y a bien un jour ou ça devait cesser de rouler comme sur des roulettes. On fait des projets, ca passe ou ça casse. Ca casse que pour les autres. Ca casse que pour les autres ? Et puis ça butte, elle était trop haute cette putain de bosse. On s’était fait un avenir tout écrit avec de jolis mots simples. Et puis ça butte, je sais pas comment finir cette phrase. Je sais pas décrire ce qu’il se passe à ce moment là. C’est comme dans les rêves quand on tombe. On sait pas qu’on y est, mais on est pas dans le même état que si c’était vrai. On ressent la chute à chaque instant, avec toute la lucidité du monde.

Les lumières défilent et le train prend de la vitesse, la vitre me renvoie le reflet du compartiment quand il fait noir. Comme s’il y avait trop de lumière pour bien voir dans le noir, ou trop de noir pour voir  tout simplement. Et on se renvoie notre propre reflet en essayant de se perdre dans le paysage, en vain. Comme si le monde me disait qu’il est trop tard pour penser à autre chose, qu’il est l’heure de l’introspection. Eh bien soit, monde, je te suis. Je préfère regarder mon écran que mon reflet par contre.

J’ai pas envie de me demander ce que je suis sensée penser. Mais c’est plus fort que moi, ça vient. Et ça m’échappe le temps de frapper les bonnes touches. J’ai pas envie d’être seule avec moi-même, je suis de mauvaise compagnie quand je suis seule.

Et on chute, on chute éternellement et si rapidement à la fois. Et en quelques instants, sans avoir vraiment compris comment on est arrivé là, on se réveille dans le noir. Et la chute est finie avec notre rêve. Et la vie reprend là où on s’était endormi, sur nos certitudes, nos doutes, nos peines et notre solitude face à tout ça.

Les lumières se font rares et le paysage n’apparait plus qu’en ombre fantomatiques derrières nos reflets, et quand on ne veut pas voir ça, on ferme les rideaux pour ne pas se voir hantés ainsi, ou on ferme les yeux. On les ferme parfois si étroitement pour oublier ses fantômes qu’on oublie de voir ce qu’il se passe autour de nous. Elle repassera pas la jolie fille de l’allée, on s’en fout, on l’a pas vue de toutes façons.  Et puis y a celle là assise en face, mais on a pas envie, on a de la musique triste sur les oreilles et on ferme les yeux.

On laisse passer des occasions parce qu’on est trop centrés sur soi, trop occupés à tenter de se convaincre qu’on est capable de tout, on laisse passer les occasions de le prouver, et puis un jour, elles ne passent plus ces occasions. Elles sont déjà loin quand on réalise enfin qu’il faut sauter dessus quand elles passent, et s’y accrocher de toutes ses forces pour ne pas les laisser fuir. Et puis on ferme les yeux, parce qu’on a peur, et c’est bien trop effrayant à regarder un monde qui s’écroule. On ferme les yeux si fort qu’on oublie comment les rouvrir, et on s’enferme dans l’illusion d’un monde effondré sur lui-même, refusant d’entendre ceux qui essaient de nous dire d’ouvrir les yeux, que tout va bien, que le monde est encore là, et que les occasions passent. Et c’est le cercle vicieux.

« Messieurs, dames bonsoir. Contrôle des titres de transport s’il vous plait.»

Où je vais déjà ? Est-ce que je rentre chez moi ? Est-ce que j’en pars ? Où suis-je ? C’est quoi cette gare ? Où est-ce que je dois descendre ? J’ai peur. J’ai peur de descendre au mauvais endroit. J’ai peur d’y laisser un bout de moi. La dernière fois que je suis descendu… Je préfère ne pas y penser. Je préfère oublier. Je… Ca fait combien de temps déjà ? Je suis bien là, la place est chaude. Non, je veux pas descendre. On peut vivre dans un train vous croyez ?

Je veux voyager dans le temps, je veux voir tout l’univers à tous les âges du monde, je veux retourner dans le passé, et effacer mes erreurs, peu importe si j’efface comme ça tout ce qui aurait du se passer dans la continuité des choses.

Ca te va pas de faire cette tête.

Sachant que j’ai pas envie de me regarder moi-même, je n’aime pas voir qu’on me regarde moi. C’est indécent de s’assoir comme ça devant moi. Voilà, va t’en, descend là, laisse moi seul avec mes pensées.  Je… Quoi ? Tant pis ?

Je sais même pas vraiment de quoi je parle.

« Vous c’est déjà composté d’avance.

-          Oui je sais, c’est par précaution »

 

Brûle brûle brûle. Tout. Brûle tout. TOUT. Tout ce qu’il reste, c’est du vide. Le vide ça se comble.  Le feu, ça purifie tout. Immole ça. Brûle tout. Les ronces ça se traverse pas facilement.  Alors brûle-les. T’y laissera pas ta peau j’t’assure. J’serai là, pour venir te chercher parmi les cendres. Mais j’peux pas les passer ces ronces. Brûle les. J’ai pas d’allumette. Brûle tout. Ca tient chaud. Brûle brûle brûle ! Ca te protège pas. Tu t’y écorche depuis trop longtemps. Brûle tout… C’est beau le feu, tu trouve pas ?

J’verrai bien une jachère fleurie là. Avec un grand chêne. Et le Soleil.

 

C’est là.  Je descend ? 


 

"I designed to system my thought to fit the problem. I broke everything down into the smallest parts, and try to think of each person as a number, in a gigantic equation. But it wasn't working, because people aren't like numbers, they're more like letters. And those letters want to become stories and that stories need to be share."

Extremely Loud & Incredibly Close


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Intéractions

Briser le silence

Par alzio le Mercredi 3 avril 2013 à 0:14
Ca passe toujours!!!
Les trains ont tous un terminus, par contre c'est techniquement possible de multiplier les correspondances ad vitam eternam...faut juste aimer les plats réchauffés =). Un micro-onde à défaut d'allumettes?
 

Briser le silence









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